La Commission Européenne pointe les distorsions de concurrence de la Chine
La Chine produit plus de la moitié de l'acier mondial. L'objectif national annoncé est de faire émerger par la concentration 5 à 10 champions nationaux, en encourageant le développement de parcs industriels innovants, couplés à des sites de collecte de ferrailles, qui permettrait de décarboner grâce au recyclage quelques 630 Mt d'acier dans les années à venir. De fait, certaines zones industrielles verraient augmenter leur production jusqu'à 70% tandis que d'autres devraient la réduire drastiquement, voire envisager la fermeture des sites les plus polluants.
La Chine est aussi le 1er producteur mondial d'aluminium, représentant 60% de la production totale. Le gouvernement central fait pression sur les régions pour moderniser leurs usines vers une version bas-carbone, tout en renforçant les champions nationaux et le développement de produits à plus forte valeur ajoutée. Certaines régions, telle que Shandong, bénéficie d'un soutien global pour devenir la « vallée chinoise de l'aluminium ».
La Commission Européenne a répertorié une palette variée d'aides, officielles ou déguisées, qu'elles soient financières, en nature, environnementales ou modifiant les flux à l'export. Certaines sont considérées comme exorbitantes, étant donné leur ampleur (cumul sans limites, exemption totale, annulation de dettes, émission d'obligations et d'actions sans dividendes), leur nature (allocations gratuites ou minorées de terrains, électricité, eau, entrants, matières premières), ou bien leur but de réduire la libre circulation des biens (licences et taxes à l'exportation sur des matières premières).
Selon l'OCDE, les industries de l'acier et de l'aluminium font partie des cinq secteurs chinois les plus fortement aidés, selon trois critères : dotations financières, allègements fiscaux, emprunts à taux préférentiels.
La Commission Européenne considère que cette situation est de nature à fausser la concurrence internationale, telle que régie par les règles de l'OMC, en particulier dans un contexte de chute de la demande mondiale.
A défaut de pouvoir imposer des taxes sur les importations chinoises au motif qu'elles ne sont pas soumises aux mêmes exigences sociales et environnementales ou qu'elles menacent la survie de l'industrie européenne comme le font les Etats-Unis, la Commission s'appuie sur le constat de surcapacités, corollaire fréquent d'un pays en cours de développement, pour mobiliser les instruments de défense commerciale.
A ce jeu-là, il ne faudrait pas oublier les secteurs avals, dont fait partie l'industrie mécanique, qui pâtissent des hausses de prix de leurs matières premières engendrées par les mesures de protection de l'amont. Il est urgent de se poser la question de la compétitivité européenne, élargie aux filières industrielles, et non limitée à quelques secteurs, afin de faire converger les intérêts de l'ensemble des chaînes de valeur.
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Pascale Lepretre
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