Dans quel cadre s'inscrivent les PTT (Projets thématiques transversaux) et les PSS (Projets stratégiques sectoriels) ?

Philippe Lubineau : Ils sont au cœur de l'action collective du Cetim, qui propose des projets de développement technologique adaptés à la diversité des entreprises mécaniciennes pour les aider à se transformer. Les PTT et les PSS sont nés en 2020 pour massifier cette action, lui donner de la cohérence et répondre à des enjeux technologiques de plus en plus nombreux. Les PTT se focalisent sur des centres d'intérêts partagés entre plusieurs professions : contrôle non destructif, fabrication additive, robotique intelligente, etc. Les PSS répondent, eux, à des enjeux technologiques clés et prioritaires pour un secteur ou un ensemble de secteurs : performance environnementale en fonderie, hydrogène & équipements fluidiques, automatisation du soudage, etc.

Par exemple, nous venons d'en clôturer deux : l'un sur le passage à l'électrique des engins mobiles, pour lequel nous avons développé une minipelle grandeur nature ; l'autre sur l'automatisation du contrôle non destructif avec le recours à l'intelligence artificielle.

 

Comment les PTT et les PSS sont-ils sélectionnés ?

PL : Au sein des commissions sectorielles, les industriels définissent leurs besoins. Cela permet d'identifier des sujets d'intérêt qui peuvent être communs à plusieurs secteurs. Nous dressons alors un cahier des charges soumis aux industriels en commissions professionnelles qui décident de lancer ou non le projet. C'est ainsi que nous définissons des programmes structurés et cohérents, qui évitent de fragmenter des études par profession et de disperser les ressources.

 

Quels sont les premiers retours d'expérience ?

PL : Depuis 2020, une petite cinquantaine a été lancée dont la moitié est terminée. Plus de 2 000 industriels ont participé activement à ces travaux. Outre les résultats des projets en eux-mêmes, ils apprécient les échanges avec leurs confrères et les experts du Cetim lors des journées de restitution.

 

Quels sont les clés du succès ?

PL : L'action collective doit être un continuum avec, en amont, la recherche exploratoire pour développer de la connaissance, au centre, la recherche appliquée qui débouche notamment sur des démonstrateurs, des outils pratiques pour faciliter l'acquisition par les industriels et, en aval, la diffusion. Elle passe essentiellement par les plateformes d'accélération Quatrium et également par la normalisation. Les plateformes permettent aux entreprises de s'appuyer sur les résultats collectifs des projets pour entamer leur transformation individuelle.

L'ensemble de cette action collective se fait avec les industriels en lien avec l'organisation professionnelle et l'UNM.

 

Quelle place occupe la normalisation dans ce dispositif ?

PL : La normalisation est un outil de diffusion et de transfert de technologie que nous souhaitons développer très en amont. Les équipes de l'UNM et du Cetim travaillent ensemble pour une fertilisation croisée (voir encadré). Ce qui est rendu possible par la création de Mecallians. Cet attelage organisation professionnelle/centre technique/bureau de normalisation pour promouvoir et défendre les intérêts de l'industrie française dans les instances européennes et internationales est original dans le monde industriel européen. Il constitue une vraie force pour les mécaniciens français.

 

Faire les normes qui façonneront les marchés de demain

« La stratégie des acteurs de Mecallians, c'est de “booster” la capacité d'initiative normative des mécaniciens sur les sujets à fort enjeu, et par conséquent de mieux porter leurs intérêts dans les normes européennes et internationales qui feront les marchés de demain, insiste Frédéric Ducloyer, directeur général de l'UNM. L'un des leviers consiste à renforcer la synergie entre l'UNM et le Cetim afin d'identifier très en amont les travaux de R&D présentant un intérêt pour la normalisation, et d'en organiser le transfert vers les commissions de l'UNM. Mecallians est un formidable accélérateur pour renforcer les synergies entre l'UNM et le Cetim, et surtout pour utiliser au mieux l'outil de la normalisation pour diffuser et valoriser les travaux du Cetim au service de la stratégie plus générale de la profession mécanicienne. »

Concrètement, les équipes du Cetim et de l'UNM ont analysé systématiquement les cahiers des charges des PTT et des PSS :  6 PSS et 2 PTT* ont été sélectionnés en 2024, prévoyant une vingtaine de livrables qui pourraient avoir des débouchés normatifs. Parmi les premiers exemples, le PTT Eco-conception a développé une méthodologie de déclinaison aux produits de la mécanique des grands principes de l'économie circulaire (durabilité, remanufacturing, réparabilité etc.). Les premières normes sont en cours de développement.

Pour Frédéric Ducloyer, l'enjeu est aussi « que les experts industriels qui ont commandé et participé aux travaux des PTT/PSS aillent jusqu'au bout de la démarche et viennent les porter dans les instances de normalisation ».

* Les 6 PSS : automatisation du soudage, électrification des engins mobiles, étanchéité des équipements fluidiques, optimisation des assemblages vissés, fragilisation hydrogène des fixations. Les 2 PTT : éco-conception, fabrication additive à coûts accessibles.

 

Contact :
Estelle Rivault
UNM

et

www.cetim.fr

 

Photo :
Cetim